Addiction et famille

Vivre avec un dépendant est difficile, frustrant, et souvent émotionnellement douloureux. Le dépendant peut avoir une double personnalité, l’une saine et attachante et l’autre délinquante et égocentrique. 

Il est très difficile pour une personne de voir quelqu’un qu’on aime se détruire avec une dépendance, qu’elle soit chimique (drogue ou alcool) ou comportementale (jeux, accro au travail, nourriture…). 

Les proches souhaitent le réformer, mais c’est malheureusement IMPOSSIBLE, à moins que la décision de cesser de consommer ne vienne directement du dépendant. La substance constitue en fait environ 15% du problème de consommation. Il y a 85% du problème qui est lié à de très intenses courants émotionnels sous-jacents, et aussi à la physiologie du cerveau.

LES STÉRÉOTYPES DE LA DÉPENDANCE

Afin de mieux comprendre le phénomène de la toxicomanie, je vous présenterai les 10 stéréotypes les plus tenaces relatifs à la dépendance.

  • 1- La dépendance est génétique

    S’il est vrai qu’une personne provenant de parents dépendants ait beaucoup plus de chances de le devenir elle aussi, c’est parce que cette personne aura tendance à reproduire le comportement que les parents et les proches leur auront appris. L’environnement de la personne jouera un rôle primordial dans le développement de la dépendance. À titre d’exemple, un enfant qui voit se mère prendre un verre de vin lorsqu’elle est triste aura tendance à répéter le comportement en se disant : « si je suis triste je prendrai moi aussi un verre de vin pour soulager ma souffrance ».

  • 2- Un dépendant est une personne sans volonté

    Lorsque votre proche vous promettait qu’il cesserait sa consommation, il était vraiment sincère. Cesser seul sa consommation est presque impossible si les problèmes de gestion sous-jacents au niveau des émotions ne sont pas gérés adéquatement. Je vous invite à lire le document sur le circuit de la récompense qui vous expliquera en détail les débalancements chimiques au niveau du cerveau. S’il est vrai que le dépendant n’est pas responsable de sa maladie, il est néanmoins responsable de son rétablissement, et du maintien de sa sobriété en faisant ce qu’il doit faire pour demeurer abstinent. À sa sortie de thérapie, il sait très bien ce qu’il a à faire pour maintenir sa sobriété.

  • 3- Un dépendant est un menteur, un hypocrite et un manipulateur

    Cela peut être vrai lorsqu’une personne est en consommation active. La pulsion de consommer est tellement puissante, que le dépendant ferait presque n’importe quoi pour obtenir sa consommation afin de soulager sa souffrance et son manque. Le dépendant utilisera le mensonge, la manipulation, il tentera de dissimuler sa consommation, il cachera des bouteilles un peu partout. La liste est longue. Le dépendant ne veut nullement faire de mal à ses proches, mais l’envie de consommer est tellement intense, que l’émotion l’emporte sur la raison.

  • 4- Le dépendant prend plaisir à faire souffrir les gens autour de lui

    Quelques jours après la fin du sevrage, lorsquela consommation est éliminée de la vie dudépendant, celui-ci retrouve peu à peu son étatcognitif normal. Le fait que ses émotions ne soient plus constamment «gelées» par la substance entraîne une grande souffrance. Il doit faire face au fait qu’il a causé beaucoup de dommages collatéraux aux gens qu’il aime. Il a beaucoup de regrets d’avoirfait souffrir ses proches, et il se doit de composer avec ses torts.

  • 5- Une rechute indique que le traitement a été inefficace

    Tout d’abord, faisons la différence entre un écart et une rechute.Un écart pourrait être représenté comme étant un mauvais pas,par exemple consommer sa substance une fois, pour se ressaisir dès le lendemain. Le dépendant devra faire en sorte de tenter de trouver ce qui a pu faire en sorte que cet écart s’est produit. La rechute, quant à elle, est de reprendre ses anciens comportements et ses conduites addictives.

    Bien entendu, une rechute est un évènement triste et décevant, autant pour ledépendantque pour ses proches. Cependant,une rechute ne doit pas être considérée comme un désastre ni un échec. Pour bon nombre dedépendants, c’est une étape dans le processus de changement. On ne repart pas à zéro après une rechute. C’est un peu comme aller en automobile de Québec à Toronto. Si nous faisons une crevaison à Montréal, nous ne reviendrons pas à Québec pour la réparer. Nous réparerons la crevaison à Montréal,et continuerons notre route vers Toronto.

    Nous pouvons comparer la nécessité d’effectuer un ressourcement suite à une rechute à un élève de l’école primaire qui double sa troisième année. Ce qu’il a appris durant l’année où il y a eu un échec n’est pas perdue, il ne fera que consolider les connaissances acquises à sa première tentative, pour enfin les maitriser adéquatement et pouvoir poursuivre son cheminement.

    Bien que la rechute se doit d’être évitée, celle-ci doit être considérée comme une nouvelle source de connaissances pour le dépendant qui n’avait peut-être pas bien saisi toute l’information lors de sa première thérapie.

    Il est cependant nécessaire de sortir de cette rechute le plus rapidement possible et ne pas hésiter à demander de l’aide. Un programme de ressourcement est disponible à la villa Ignatia.

  • 6- La rechute est inévitable et imprévisible

    Une rechute se préparesouventà l’avance. Savoir reconnaître les signes d’ivresse mentale est primordial dans la prévention de la rechute, puisque l’ivresse mentale précèdepresque toujoursla rechute. Le dépendant doit user de franchise envers lui-même afin de reconnaître et de comprendre ses émotions et éviter de les refouler.

    Le dépendant n’assiste plus aux meetings, ne médite plus, n’est plus aussi assidu à effectuer de l’activité physique, fait de la procrastination, etc.). En résumé, il revient tranquillement à ses vieilles habitudeset à ses anciens comportements. Il est possible que ces signes indiquent qu’une rechute se prépare.

  • 7- La rechute survient uniquement en consommant sa substance de choix

    Il est possible de rechuter en consommant une autre substance que celle pour laquelleledépendantest allé en thérapie (p. ex.: quelqu’un peut rechuter en consommant de l’alcool, après avoir suivi une thérapie pour un problème en lien à une consommation de cocaïne). N’oublions pas que le dépendant est vulnérable à toutes les formes d’addiction, qu’elles soient chimiques ou comportementales.

  • 8- Mon proche est en vacances pendant un mois en thérapie

    Une thérapie est un moment souvent douloureux pour ledépendant. Avec la sobriété retrouvée et le cognitif qui est revenu, il doit maintenant s’attarder à trouver RÉÉLEMENT les raisons qui ont maintenus ou causés sa consommation. Il doit donc fouiller au plus profond de lui-même et découvrir ce qui ne va pas au niveau de ses émotions. Et cela demande du courage et beaucoup d’énergie.

    Pour plusieurs résidents, cela fait des années qu’ils n’ont pas consommé pendant un mois. Vous verrez votre proche revenir à la maison dans une forme resplendissante. Bien que très positif, cela pourrait peut-être vous causer un certain malaise, par exemple, vous vousêtes occupé des 3 enfants, avez fait l’épicerie, les tâches ménagères, êtes allez chercher les enfants à la garderie, payé les factures, pris soin de payer les dettes de votre proche, réparer les torts causés à vos amis par sa consommation. Vous pouvez probablement allonger cette liste.

    Il est donc normal que vous pussiez avoir un certain ressentiment envers votre proche. Nous vous conseillons d’évaluer le plus calmement possible comment vous vous sentez face à cette éventualité.Lorsqu’un trop-plein est ressenti, il arrive souvent de dire des choses qui peuvent dépasser notre pensée.

  • 9- Il faut que je surveille mon proche pour éviter qu’il ne consomme à nouveau

    Nous sommes d’avis que si votre proche veut consommer, il ira consommer. Nous comprenons très bien votre inquiétude et le besoin que vous avez de surveiller votre proche pour le protéger et pour vous protéger. Mais en agissant ainsi, vous risquez de stresser inutilement votre proche qui pourrait se sentir surveiller à outrance. Surtout, évitez de communiquerplusieursfois par jour pour vérifier si la personne a consommé.

  • 10- Je dois absolument pardonner à mon proche

    Le dépendant doit obligatoirement se pardonner à lui-même le mal qu’il a fait à ses proches s’il espère progresser dans son rétablissement, étape qui peut être très difficile pour lui.

    Il sait parfaitement bien que seul le temps pourrapeut-êtrelui permettre d’être pardonné par ses proches en démontrant une sobriété et une façon de vivre positive (surtout si une ou des rechutes sont survenues).

    Être pardonné par ses proches est d’ailleurs une grande source de soucis et d’anxiétépour ledépendanten thérapie, qui réalise aussi que ce pardon pourrait ne jamais venir si les blessures qu’il a infligées aux proches sont trop profondes.

LA CODÉPENDANCE

Voir son proche se détruire par une addiction est très difficile, déroutant et souvent incompréhensible. On se sent souvent impuissant à lui venir en aide. Cela peut vous pousser à adopter un comportement qui, bien que partant d’une intention très noble, puisse avoir un effet contraire. Ainsi, le comportement des proches pourrait contribuer au maintien de la conduite addictive.  

À titre d’exemple, citons la surprotection de votre proche auprès de son patron. Vous pouvez vouloir aider votre proche en inventant des histoires pour expliquer son absence au travail un matin en disant qu’il est incommodé par une grippe, alors qu’il est en réalité en lendemain de veille à cuver son vin. Vous prenez ainsi le rôle du sauveur.

Vous pourriez aussi prendre le rôle de la victime en disant à votre proche « tu ne nous aimes pas, tu consommes sans arrêt, tu m’avais pourtant promis que tu cesserais de boire, etc. ».

Enfin, vous pourriez jouer le rôle du bourreau en voulant secouer votre proche : « si tu ne règles pas ton problème de consommation, je vais te quitter et partir avec les enfants ».

Le dépendant peut lui aussi passer d’un rôle à un autre, et la relation avec votre proche devient rapidement insoutenable.

Le dépendant consomme pour une ou des raisons. Ce n’est pas pour l’excuser, mais il faut être en mesure de voir si votre comportement envers lui ne pourrait pas être responsable en partie de son problème.

Vous avez probablement vous-même développé des mécanismes de défense afin de vous protéger de la dépendance de votre proche. Citons par exemple votre proche qui partait pour acheter un litre de lait pour ne rentrer à la maison que quatre jours plus tard après une consommation intensive de cocaïne, ou lorsqu’il allait prendre une marche pour revenir une heure plus tard complètement ivre. 

La prochaine fois que votre proche quittera la maison pour aller faire une commission, vous aurez automatiquement la pensée qu’il pourrait aller consommer. Votre inquiétude créera, bien malgré vous, une source d’anxiété, qui sera justifiée ou non. Mais ça vous remémorera des moments pas toujours très joyeux de la consommation active de votre proche. 

Un autre exemple de codépendance souvent rencontré est celui du dépendant qui reprend son rôle dans la famille. Puisque la personne est maintenant en mesure de s’occuper d’elle et de gérer ses affaires de façon adéquate, cela pourrait peut-être devenir une source d’agacement pour vous dans le nouveau rôle de votre proche. Vous ne serez plus seul à prendre toutes les décisions. Ou puisque votre proche ne prend plus toutes ses soirées à consommer au bar du coin, vous pourriez le trouver plus « encombrant » qu’avant.

 

VOTRE RÔLE VIS-À-VIS VOTRE PROCHE À SON RETOUR DE THÉRAPIE

Nous comprenons que le retour de votre proche puisse être une source d’inquiétude importante pour vous. La personne qui termine une thérapie est souvent fatiguée, en raison de l’introspection qui a été rendue nécessaire pour faire une analyse adéquate de sa gestion des émotions.

La confiance envers votre proche a peut-être été ébranlée en raison de sa consommation problématique. Il faut toutefois essayer de l’accueillir dans l’amour et le respect. Il faut éviter de contrôler ses allées et venues de façon exagérée, en l’appelant 15 fois par jour pour vérifier comment il va, ou encore lui demander constamment où il va dès qu’il sort de la maison. Seul le temps permettra à vos réflexes de défenses de s’atténuer. Petit à petit, à mesure que la sobriété de votre proche se concrétisera, votre confiance en lui s’accentuera, et avec une bonne communication de part et d’autre, la vie reprendra son cours normal. Il faut laisser au temps le temps de faire son temps. 


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