Informations aux proches
VOTRE PROCHE EST ENTRÉ EN THÉRAPIE À LA VILLA IGNATIA
Il est difficile de regarder son proche consommer de façon exagérée et se détruire à petit feu, et de le voir, impuissant, se perdre dans l’enfer de sa dépendance. Vous éprouvez possiblement des sentiments partagés à ce qu’il débute une thérapie, entre la peine de voir votre proche vous quitter pour un mois, et la joie qu’enfin le calvaire de la dépendance puisse devenir chose du passé.
De plus, les dommages collatéraux causés par la dépendance de votre proche vous a possiblement mené au bout du rouleau. Bien que vos pensées soient probablement centrées sur votre proche, ce serait un bon moment, durant ces 28 jours, de vous reposer, de prendre du temps pour vous, et de refaire le point pour savoir où vous en êtes rendu.
BREF HISTORIQUE DE LA VILLA IGNATIA
La Villa Ignatia, ainsi nommée en l’honneur de sœur Marie Ignatia, ouvrière de la première heure du mouvement des alcooliques anonymes, ouvre ses portes en 1984. Elle s’est établie sur la rive du lac Saint-Charles, à l’initiative d’hommes d’affaires qui désiraient offrir de l’aide à leurs employés qui éprouvaient des problèmes d’alcool ou de drogues. Et encore aujourd’hui, la Villa Ignatia mène son action en fidélité avec cette impulsion première : redonner le pouvoir de reprendre sa vie en main. D’être capable de retourner au travail et de redevenir actif dans sa communauté.
Le nombre maximal de résidents possibles est de 34 personnes. Le programme de base est de 28 jours, avec des ressourcements possibles de 10 ou 15 jours (pour les rechutes ou pour se recentrer). Il y a aussi des suivis postcures, que nous verrons plus loin.
ACCUEIL DU NOUVEAU RÉSIDENT
Le résident est d’abord accueilli par l’infirmier, qui procèdera à la prise des signes vitaux (pression, température, rythme cardiaque, etc…), au questionnaire (nom du médecin et pharmacien, histoire de consommation, histoire médicale, médicaments requis, etc.). Il évaluera aussi les risques médicaux que pourraient causer le sevrage du résident.
Si un sevrage est nécessaire, une médication appropriée sera donnée au résident pour faciliter cette phase.
Les médicaments, le téléphone, la tablette, l’ordinateur, les clés de voiture, l’argent, les cartes de crédit, etc. sont mis en consigne. Il y a par la suite la visite de la maison, l’explication des règles, et une chambre est assignée au résident. Le nouveau venu rencontre par la suite les autres résidents.
Le résident se sent normalement très bien accueilli dans le groupe dès le début de sa thérapie, puisqu’il peut échanger avec les autres dépendants en toute liberté au sujet de sa dépendance, sans jugement.
QU’EST-CE QUE LA DÉPENDANCE?
Une dépendance se définie comme l’utilisation inappropriée d’une substance entraînant un dysfonctionnement cliniquement significatif, particulièrement un manque de contrôle et l’impossibilité d’arrêter la consommation de la substance. Ce n’est pas un simple manque de volonté, mais un problème qui est lié à de très intenses courants émotionnels sous-jacents, et aussi à la physiologie du cerveau.
En réalité, c’est à l’effet de la substance qu’une personne peut développer une addiction, et non pas à la substance elle-même. Tenir responsable la substance pour sa dépendance, c’est un peu comme accuser le jeu de cartes d’être responsable de son problème de jeu. La substance seule n’est pas un problème. Le problème de dépendance survient avec l’interaction entre la substance et un individu dans un certain contexte et dans certaines circonstances. Il y a autant de raisons à la dépendance qu’il y a de dépendants.
La grande majorité de la population à la capacité de consommer de l’alcool ou des drogues sans pour autant y devenir dépendant. Pour une certaine proportion de la population cependant, c’est une toute autre histoire. La vulnérabilité à développer un problème de dépendance reste un mystère, mais les recherches sur le domaine nous offrent des pistes en ce qui concerne les facteurs de risque, et les facteurs de protection.
Les facteurs de risque augmentent la vulnérabilité d’un individu de développer un problème de dépendance. Ils peuvent être sociaux (p. ex. : pauvreté, perte d’emploi, instabilité familiale, isolement, abandon, etc.), biologiques (p. ex. : histoire de consommation familiale, déficience de certaines zones cérébrales ou du nombre de récepteurs à la dopamine) ou psychologiques (p. ex. : maladie mentale, affects négatifs, deuil, faible émotivité, hyperactivité, non-conformisme, manque d’habiletés sociales, etc.).
À l’inverse, les facteurs de protection protégeront un individu de développer une addiction (p. ex. : liens familiaux forts, fratrie, groupe d’amis non-consommateur, fraternité, facilité à demander de l’aide, avoir des projets, des passions et des passe-temps, etc.).
ON NE NAIT PAS DÉPENDANT, ON LE DEVIENT
Une personne consomme au début « comme tout le monde », de façon sociale parce qu’elle en éprouve du plaisir, pour enlever la gêne d’aller parler à une personne qui nous plait, pour faire partie d’un groupe, pour se féliciter d’avoir gagné un tournoi à l’école ou avoir obtenu une promotion.
Puis, sournoisement, tranquillement, la consommation se transforme, pour la personne qui est plus vulnérable à développer une dépendance, en un véritable enfer, aussi bien pour elle-même que pour ses proches. On dit qu’un dépendant fera souffrir en moyenne 40 personnes autour de lui.
Malgré toutes les douleurs infligées à lui-même et à ses proches, malgré tous les dangers reliés aux comportements, malgré toutes les promesses non tenues, malgré tous les conseils ou les menaces des proches, le dépendant va de rechute en rechute, s’enfonçant davantage dans le gouffre de la dépendance et en consommant jusqu’à en perdre la raison et la santé.
Vous me direz peut-être « il a pourtant tout pour être heureux : une carrière qui est florissante, une femme et des enfants extraordinaires, une splendide maison, une automobile de l’année…et pourtant, il consomme à en être malade et incapable de fonctionner normalement ».
Alors pourquoi la personne dépendante consomme-t-elle ?
Pour soulager une douleur insupportable, tout simplement. On ne devient pas dépendant pour le simple plaisir de blesser ses proches, mais pour soulager une détresse intolérable. C’est un piètre choix, mais pour le dépendant, c’est une solution irrésistible.
Essayons d’y voir un peu plus clair. La dépendance démontre une interaction très complexe entre la biologie du cerveau (le concept biomédical) et l’environnement du dépendant (le concept psychosocial).